17 Februar 2022 | Blog le Temps, Großzügigkeit und deren Vermittlung,

Anna Matevosyan – La philanthropie sans âge

Lorsque nous entendons parler d’un philanthrope, une jeune personne n’est pas la première image qui vient à l’esprit. Nous avons une certaine perception de ce qu’un philanthrope représente. Ce qui est curieux, c’est que le dictionnaire Larousse définit un philanthrope comme une personne qui agit de façon désintéressée, un altruiste et humanitariste qui s’occupe d’améliorer la condition matérielle et morale des hommes. Il n’y figure aucune notion d’âge. Même s’il y a très peu d’études sur l’âge moyen d’un philanthrope, nous avons une certaine perception d’une personne qui fait de la philanthropie. Nous l’imaginons souvent à l’âge de la retraite, ou bien comme quelqu’un qui a accumulé une certaine fortune, et donc d’un certain âge.

Si nous nous intéressons un instant à notre ressenti lorsque nous faisons de la philanthropie, la liste des effets plutôt positifs sera assez rapidement formulée. Mais s’il fallait se limiter à un seul mot, cela pourrait être tout simplement « Feelgood ».

Le nombre d’études scientifiques sur le lien entre ce sentiment de « Feelgood » et notre santé ou notre bien-être est impressionnant.
Imaginons un instant que cet acte de philanthropie nous accompagne dès notre plus jeune âge et au cours de toute notre vie. Les effets positifs seraient multiples et dureraient plus longtemps que si nous ne devenions philanthropes qu’à l’âge de la retraite.

Parfois nous avons tendance à sous-estimer l’importance de l’expertise ou même de l’énergie que les jeunes possèdent et l’effet que cela pourrait produire sur la société. Un des aspects primordiaux de la vie des jeunes, c’est leur développement et leur épanouissement. En donnant de son temps ou de son expertise, un jeune jouit d’une multitude d’occasions d’interagir avec les autres et donc de se connaître, se développer et s’épanouir, et par conséquent de créer ce sentiment de « Feelgood » dès le plus jeune âge. Certains peuvent penser qu’il faut d’abord acquérir une certaine expérience avant de pouvoir la partager. Il serait très naïf de penser que les jeunes n’ont pas d’expertise à donner. Une étude publiée en 2021 montre que l’âge moyen des fondateurs de start-ups durant les 15 dernières années est en dessous de 34 ans. Cela veut dire qu’il y a une vraie expertise et une motivation sans précédent chez les jeunes, peu reconnues ou appréciées auparavant.

Comme pour la création d’entreprises, les jeunes sont impatients de développer et de maintenir une activité philanthropique. Cela leur permettra de regarder en arrière 5 à 10 ans plus tard et d’être fiers de ce qu’ils ont accompli, et ainsi de continuer à multiplier les histoires et les occasions de faire de la philanthropie. Car donner c’est aussi créer des histoires : des histoires d’échange, d’enrichissement et de découverte. Même un aspect anodin comme celui d’avoir des histoires autour desquelles on peut converser avec son entourage est également à considérer. De tels partages peuvent motiver les autres à promouvoir à leur tour la culture philanthropique. Renforcer la notion de philanthropie chez les jeunes, c’est aussi leur offrir une plateforme pour développer leur leadership à une autre échelle.

Comment peut-on promouvoir cette volonté de faire de la philanthropie dès le plus jeune âge ?

Cela pourrait éventuellement être prévu dans des programmes scolaires ou gouvernementaux, par exemple.

La promotion philanthropique à destination des jeunes pourrait aussi être soutenue par les organisations philanthropiques ou par les fondations. Chaque année, des événements sont organisés à l’attention des mécènes et des donateurs. Des occasions pourraient être créées pour inciter des donateurs expérimentés à inviter des jeunes au sein de leur famille par exemple, et ainsi partager leur propre expérience en tant que donateurs et promouvoir la philanthropie dès le plus jeune âge. En organisant des initiatives et des lieux de partage d’expériences à travers des événements annuels, une possibilité de devenir philanthrope est offerte aux jeunes. Les entreprises privées, qui ont souvent leur propre fondation, pourraient de leur côté aussi prévoir des mécanismes d’encouragement pour inciter les jeunes employés à donner du temps et de l’énergie pour soutenir des projets. Cela créerait des effets positifs à très long terme, non seulement pour la réalisation de ces projets, mais aussi et surtout pour offrir une expérience inédite aux jeunes employés impliqués qui obtiendraient une visibilité en tant que modèles à suivre.

Ce partage d’expérience entre les jeunes et des personnes plus expérimentées créerait de multiples aspects bénéfiques entre les différentes générations, mais également dans la façon dont la philanthropie pourrait être transmise. Les jeunes ont souvent des points de vue différents et donc des perspectives ou des solutions innovantes pour nos sociétés en constant changement.
Au lieu d’attendre l’âge de la retraite, pensons la philanthropie sans âge pour générer plus d’impact sur le long terme, pour soi, pour les autres, pour tous tout simplement.

 

Anna Matevosyan

Anna Matevosyan est diplômée en droit et est active dans le secteur de l’énergie et des infrastructures. A titre privé, elle soutient des activités de promotion de jeunes musiciens jouant de la musique classique dans des orchestres. Elle a participé à l’édition 2021 de la Master en Class en philanthropie. Cet article a été retenu dans le cadre d’une possibilité de contribution que nous avons offerte aux Alumni de la Master Class en philanthropie